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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 23:41

 



Elle a repéré un concours qui lui fait moins peur que les autres : le thème en est  le jardin, un sujet qu'elle connait bien. C'est l'occasion de s'essayer à l'art de semer les mots. Il lui semble que ce doit être un peu du même ordre que de composer un massif : définir une structure, évaluer les points de vue, disposer les phrases en fonction de leur harmonie, donner une couleur, créer une ambiance…


Très vite elle s'aperçoit que la comparaison ne s'arrête pas là : elle sème et quelque chose lève, mais il y a beaucoup d'adventices, pas toujours identifiables au premier coup d'œil, et elle a peur d'arracher – peut-être de saccager le travail qu'elle a effectué. Elle se donne du temps pour réfléchir.  Après, c'est enraciné, et il faut suer davantage pour extirper les indésirables. Cela pousse, peu à peu, pas toujours droit, pas souvent comme elle l'avait imaginé, mais une partie du charme vient justement de la surprise.



Avant de se mettre à l'écriture, elle avait comparé la création d'un jardin à l'enfantement : à la fois, l'enfant/jardin vous ressemble et pourtant il a sa personnalité, ses rythmes, ses révoltes, qui le font unique. On veut l'éduquer, on projette sur lui ses espoirs ; il nous comble et nous déçoit dans le même mouvement. Secrètement ravies, on  le regarde prendre son essor, nous échapper, en disant hypocritement " ouais, il n'est pas mal mais…". Ecrire est du même ordre : une déception jubilatoire.

 
Calée dans le relax, elle profite des rayons déjà un peu chauds en rêvassant : elle aimerait  pouvoir demander une bouture de texte à une copine, c'est si agréable de partager ; l'écriture s'y prête moins que le jardinage…
Les ellébores sont fleuries, leurs petites figures tachetée modestement tournées vers leur pied ; les jonquilles, elles, trompettent allègrement, sans aucune discrétion.

 Elle se reprend d'un amour  inconditionnel pour ce jardin qu'elle n'arrive plus à entretenir, comme on ne peut s'empêcher d'aimer un enfant, quelles que soient ses bêtises.


Un jardin comme antidote à sa stérilité
… D'ailleurs, en y réfléchissant bien, n'est-ce pas souvent un palliatif ?  Il y a peu de jeunes jardinières ; on vient au jardinage avec passion lorsque les enfants sont partis et qu'on n'a plus l'âge d'en faire d'autres.


Elle avait fait des pieds et des mains pour avoir un enfant. Mais, comme elle le disait ironiquement, ce ne devait pas être la bonne méthode !

Elle a eu des jardins. Des jardins fouillis, des jardins sauvages, avec de l'eau, des bestioles, des lianes. Elle aime que cela déborde, retombe, festonne, dégouline. Le jardin doit être vivant, mouvant, rien de figé, surtout !


Souvent, cela déconcertait ses amis. Mais sa fougue pour défendre cette conception libertaire faisait vite des émules, et elle s'amusait de voir s'installer insidieusement dans tel jardin, jadis bien léché, un rosier-liane envahisseur, des graminées vagabondes voire carrément de jolies

"mauvaises herbes"!



Il y a tant de jardins différents. Et de jardiniers donc !  Elle énumère :


Marine n'aime que les plantes exotiques et s'acharne à cultiver de belles frileuses dans une terre lourde et humide qui les rend languissantes ; peu lui importe, elle met son hamac sous son palmier et rêve d'Amazonie.

Chez Léa, le jardin est horizontal et coloré. Rien ne doit dépasser les quinze centimètres : elle étale de grands aplats de couleur en motifs compliqués, comme des carpettes. Pour un peu, on y passerait l'aspirateur !

 

Grégoire  vient de lui confier qu'il avait complètement changé "le look" de son jardin: " J'ai enlevé toutes les grosses fleurs, ça faisait vulgaire, j'ai refait ma bordure, vous verreriez : que des fleurs minutieuses. C'est beaucoup plus chic!"

Rural  parmi des ruraux, Grégoire veut un jardin distingué !

 

Rose a un jardin d'abondance, les enfants et les oiseaux le pillent, pour son plus grand bonheur ; les fruits y sont rois. Elle a dressé ses arbres à s'aplatir contre les murs, à bonne portée des petits doigts. Elle a toujours quelque chose à offrir, un pot de confiture, des graines, une bouture. Son jardin ne reste jamais dans ses limites : il essaime  chez tous ses voisins.

 

Pour Carole, l'essentiel est d'avoir des raretés ; elle écume les fêtes des plantes dès le premier matin afin de dénicher l'exemplaire unique  de l'introuvable myosotidium hortensis, qui crèvera deux mois plus tard. Le moment qui lui procure le plus de bonheur ? Celui où elle reçoit  le catalogue confidentiel d'une pépinière de Nouvelle Zélande pratiquement inconnue en France. Le jardin ? Ah, oui, le jardin…

 

Celui de Delphine se distingue à peine de son environnement : nulle clôture, des circulations discrètes, un agencement de floraisons qui se fondent dans les bosquets du bois voisin. Elle n'est jamais aussi contente que lorsqu'un chevreuil, pas du tout dépaysé, vient brouter au pied du perron.


Il est impossible, en revanche, de confondre celui de Franck avec le paysage : armé jusqu'aux dents de cordeaux, bordurettes, tuteurs, élagueurs, désherbeurs, pulvérisateurs, arrosages intégrés, Franck remet le monde d'aplomb, en ordre, au pas, au garde à vous, sur les six cents mètres carrés de son domaine. Il pense bien étendre ses bienfaits au reste de la planète…sitôt qu'il en aura fini avec le traitement du gazon, la taille des pétunias, le massacre des pucerons...


L'air l'a fatiguée, et ce "voyage" dans les jardins amis… Elle n'a plus beaucoup de résistance. Elle va rentrer. Le couchant est rose, il fera beau demain, on sent l'odeur des feux de bois, elle est éperdument reconnaissante de toute cette quiétude subsistant dans un monde menaçant, et  caresse affectueusement le tronc crevassé  de l'érable " peau de serpent".

 
Allons, si elle n'a plus la force de cultiver son jardin,  elle continuera, jusqu'au bout, à cultiver des jardiniers!
                                                                            

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17 décembre 2008 3 17 /12 /décembre /2008 09:04

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Vous connaissez ? Non ? Oh !
Léonie Colin est une jolie personne qu'on a l'impression de connaitre depuis toujours tant il est difficile d'imaginer passer à côté. Qu'on l'appelle Léonie, Sylvette, Marisol, Electre, qu'elle ait les deux pieds sur terre ou l'un dans les nuages et l'autre sur un bateau, c'est une rencontre.
Vous la voyez et vous avez tout de suite envie de lui dire : "Bonjour, il y a trop longtemps qu'on ne se connait pas, tu ne trouves pas ?"
Alors allez vite faire connaissance : son blog vous fera passer de bien jolis moments : elle écrit merveilleusement !

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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 13:48
...et le huitième jour, Dieu se demanda " mais il est où, le PQ ?"
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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 17:27

Remise des Prix C.A.L.V.A 

 

La première remise de prix à laquelle je suis présente

 

…Alors, Sylvette Heurtel m'a dit : "on pourrait y aller ensemble ?"

Et, bien sûr.

Elle est jolie comme tout, on accroche bien, la route n'est pas si longue, on découvre qu'on est plus proches qu'on croyait et on est arrivées, ma sœur est un bon chauffeur. Il fait moche, la mer est gris-vert-jaune, plein de chrysanthèmes devant la mairie, qui mettent un peu de couleur ; on est en avance, on va boire un thé dans un bar-tabac, quand on se re-pointe, un monsieur avec des yeux bleus faussement  candides nous attend, c'est Jean−Paul Lamy. La salle est pleine de monde, Annie Mullenbach est déjà là, elle a quelque chose d'adolescent, pas un modèle courant…

Le maire nous accueille officiellement avec une simplicité "soulageante".

Un chanteur avec des sourcils en accent circonflexes et une voix pleine de charme démarre la soirée, il alterne des grands classiques (Ferré, Ferrat…) avec des textes très drôles de JPL, et c'est la lecture des nouvelles primées. Ca commence par moi, c'est Jean−Paul qui lit, il a une voix un peu sourde qui va bien à mon texte, et ça me fait un effet incroyable, je pluie. On applaudit, on me pose quelques questions, je réponds je ne sais pas quoi, je suis émue, je ne sais plus la définition d'une Cavatine, ça fait un peu quiche ! Et heureusement on passe au texte d'Annie : "Elle". Le lecteur souligne peut-être un peu trop les effets, mais le texte est fort, je le découvre, je ne sais pas si Annie est aussi émue que moi : elle, ce n'est pas la première fois qu'elle est primée ici (et ailleurs !)

C'est maintenant  la lecture de Sylvette, par Christine Lamy, et c'est un texte très particulier, éclaté, superbe, intelligemment lu, une écriture qui a beaucoup de personnalité, riche, très picturale, un vrai premier prix mérité !

Après on boit un peu, on cause beaucoup, on reçoit un diplôme très joli, un chèque très sympa, un calva tout mignonnette, et c'est un moment où la vie prend l'allure qu'elle devrait avoir tout le temps si on était plus… (plus quoi ? Intelligents ? Il faudrait inventer un mot pour ça). Enfin, c'est chaleureux, passionné, drôle …Il y a de belles rencontres. On est heureux d'être là…

Ça donne fichtrement envie de récidiver !

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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 16:20
Parents, si vous ne souhaitez pas que votre bambin devienne jamais écrivain : ne lui offrez pas de lego. Il risque de lui ajouter une apostrophe.
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 Bricoleuse de mots, déboulonneuse de socles, dévisseuse de certitudes, j'ai envie d'un monde  où le rire libre lézarderait les murs. Juste pour la beauté des lézardes.
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