Maman est morte.
Dans le cru du deuil, je ne sais pas fabriquer de baume.
Seulement extirper des mots.
La vie cuit dans ta fièvre.
− Apnée −
Elle a peiné la petite âme
J'ai tiré sur mes yeux
Une couverture grise, et j'ai regardé,
Buée renvoyée
Là-bas, loin, aux méandres.
− Apnée −
A peine né le souffle
Cherche
Une goutte de temps
Je ne voudrais pas vivre
Dans le pur être
Effrené
− Apnée −
Dans la course immobile
Non
Dans un contraire désir.
− Apnée −
Rien n'appelle
Le centre s'efforce
S'effondre
− Apnée−
Longtemps rien.
Puis le chaos respire
Une grotte extrudée
Tes yeux ultimes
S'ouvrent
Etonnés.
Insidieuse
La vie me noie
D'absolu immédiat.
Le poulet est à entendre au sens ancien de billet galant
Délié mauve penché
Pensée mauve
Un temps plein
Un temps pauvre
Le tempo vacillants des amours enfantines
L'encre violet doré
Une plume qui joue, qui agace
Ou lutine
Un peu jeu, un peu vous
Un peu trop vieux, trop fou
Le cœur sac à papier
Une enfant qui frissonne
Un amour quadrillé
Et la tache étoilée
Délavée
Est-ce amour de printemps ou bien ennui d'automne ?
J'apprends tes lignes, des yeux et de la langue :
L'arc du pont de Normandie, la pyramide
La ligne de fuite, le Taj Mahal
L'arcade élégante, la voûte romane.
Je te trace, inlassable, j'emplis mes paumes de ton sable
J'emplis ma bouche de ton eau
Je te maçonne de terre banchée
Je te façonne, je te fresque
Mes mains fourmillent de ta douceur
Je te grave de lignes sombres
J'enfouis et je frissonne
Je râpe mon corps au tien
Je t'érige et te renverse
Courbes délitées, ors des effondrements
Splendeur suspendue
Clé de voûte, cathédrale délictueuse,
Arche inversée.
Dans tes méandres, je danse la noirceur ardente, la soif, le désert.
Jouons, veux-tu ?
A saute menu
A saute repas
Au saupiquet
A carambole
A tire chemise
A loup troussé
Au petit bleu, à gras la miche
Aux épousées, aux frelons verts
A revenir
A souviens-toi
A croque bedaine
A pousse minou
A l'enfançon, à l'enfoncé
A l'hidalgo, à l'algue bleue, à mère veux-tu, à mère veut pas
A chiche
A chèche
A chat dormant
A grozibou
A la sottine ( c'est Lolo qui y jouait bien ! C'est elle qui m'a appris !)
Jouons encore
A j'ai perdu mon orifice, rien n'égale...
A sauve ton nid
A la miquette
Au bonneteau
Et à la criche.
Ma Perfide me regarde. C'est pas ce soir que je vais gagner.