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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 22:20

Il faut regarder mieux.

Paupières réversibles quand ça crève les yeux
 

 Il faut regarder mieux.

Du fond de la coquille

Sortir,

Sans manteau de colère,

Ranger l'inéluctable dans le tiroir à jouets,

Déferrer la monture dont les pas étincellent

Sur un chemin tordu.

Il faut regarder mieux

Ce qui gîte en ce creux

Chimère engrossée par un songe d'araignée

Ultime mélodie, petit bonheur papier

Cueilli sans y penser au bord de la jachère.

De l'illusion grinçante extraire le sourire

Et s'arracher la gueule sur le goût de la vie.

Il faut regarder mieux

De plus près, en silence

Ce qu'on pleure sur soi

Et pourquoi.

Quelle transe

Nous fait nous substituer...

Au fond du trou sans fond

Paupières réversibles

Un regard orphelin erre

Et il n'a pas de cible.

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commentaires

P
cela faisait longtemps tellement longtemps que je ne t'avais lue.<br /> et là c'est comme la première fois, une claque, les frissons,les yeux embrumés.<br /> je t'embrasse Colinette.
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J
Le plus notable, c'est la période de plus en plus large de cette petite mélodie entêtante que dessine l'anaphore ("Il faut regarder mieux."), comme un écho qui trouverait à étendre progressivement<br /> son champ de résonance. On pense, évidemment, tout au long de ce poème, à la formule lapidaire et paradoxale : "Je ferme les yeux pour mieux voir." Démarche éminemment poétique qui s'apparente, en<br /> quelque manière, à celle de la maïeutique, du dépouillement ("Sans manteau de colère", "Déferrer la monture"), de l'accouchement ("sortir", "engrossée", "cueilli", "extraire", "s'arracher").<br /> Accouchement menant à la naissance de l'insoupçonné qui s'offre comme un quasi-miracle ("au bord de la jachère"), comme la réalisation d'un pari pour le moins audacieux ("De l'illusion grinçante<br /> extraire le sourire"). Cependant, une exigence très particulière doit être remplie pour parvenir à cet état si profond de réceptivité ("transe"). Seul l'oubli passager du caractère volatile de<br /> notre condition ("Ranger l'inéluctable", "sans y penser", "Ce qu'on pleure sur soi / Et pourquoi.", "Nous substituer / Au fond du trou sans fond") pourra nous faire retrouver, comme au premier<br /> jour, cette perception première de l'univers ("regard orphelin").<br /> <br /> Merci pour le voyage !
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G
Le "bijou frémissant" d'Arielle : je ne dirai pas mieux...<br /> Je t'embrasse, Coline.
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A
Je n'étais pas passée depuis longtemps et je tombe sur ce bijou frémissant ... Je tombe de haut, portant je devrais bien savoir qu'il faut regarder mieux ceux qu'on aime !
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  • : Le blog de Coline Dé
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  • Coline Dé
  • J'écris pour regagner en largeur ce que ma vie perd en longueur...
 Bricoleuse de mots, déboulonneuse de socles, dévisseuse de certitudes, j'ai envie d'un monde  où le rire libre lézarderait les murs. Juste pour la beauté des lézardes.
  • J'écris pour regagner en largeur ce que ma vie perd en longueur... Bricoleuse de mots, déboulonneuse de socles, dévisseuse de certitudes, j'ai envie d'un monde où le rire libre lézarderait les murs. Juste pour la beauté des lézardes.

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