11 décembre 2014
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La reine avait rêvé longtemps devant sa fenêtre close,.
Sous un ciel noir charbon, les cerises brillaient d'un éclat insolite et quand la neige arriva, le spectacle revêtit un aspect merveilleux et inquiétant.
C'est alors que les contractions commencèrent. La reine baissa la tête, s'accroupit un peu et hurla longuement.
Nul ne viendrait, elle l'avait voulu ainsi. Solitaire, elle avait désiré engendrer un loup solitaire pour apaiser son cœur.
Comme il était beau, ce nouveau-né ! De la nuit il avait hérité l'oeil insondable, le mystère et la noirceur.
De la neige il gardait l'éclat, la blancheur acérée.
Et dans son cœur brûlant, une larme séchée de sa mère, comme un talisman ignoré.
Elle le nomma Fenris et lui donna le sein.
Il têta la solitude et la haine. Il têta le vent et la haine. Il têta le froid et la fureur.Il têta la haine et encore la haine...
Il n'eut pas d'enfance : la haine fait grandir très vite.
Tous les soirs, la reine appliquait ses paumes glacées sur son front brûlant et lui répétait " Prends garde, fils, ils te tueront. Personne ne t'aime si je ne t'aime. "
Et plus Fenris grandissait plus l'espoir d'être aimé s'amenuisait dans son cœur, rouge petite cerise...
Un matin il s'éveilla et écouta le silence.
Le silence coupait comme du verre.
Il écouta le vent et le vent transperçait comme l'acier.
Tout le jour il écouta, écouta, à en enflammer ses oreilles et il entendit.
"Tu n'as que moi, tu ne procèdes que de moi, tu es ma chose, mon amour. Tu n'es rien mon amour, que ma vengeance sans fin..."
Il entra.
Il avait soif.
Il avait faim.
Il avait froid.
Il mangea et but, déchira, et saccagea. Il s'enroula dans les linges, griffa les oreillers, il chevaucha des masses écroulées, déchiqueta, hurla, désespéra.
Enfin, s'enfuit.
Le château du silence s'estompa au loin.
Sur la neige, une cerise solitaire brillait
Published by Coline Dé
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Confetti