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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 21:18

 


La reine avait rêvé longtemps devant sa fenêtre close,.
Sous un ciel noir charbon, les cerises brillaient d'un éclat insolite et quand la neige arriva, le spectacle revêtit un aspect merveilleux et inquiétant.
C'est alors que les contractions commencèrent. La reine baissa la tête, s'accroupit un peu et hurla longuement.
Nul ne viendrait, elle l'avait voulu ainsi. Solitaire, elle avait désiré engendrer un loup solitaire pour apaiser son cœur.
Comme il était beau, ce nouveau-né ! De la nuit il avait hérité l'oeil insondable, le mystère et la noirceur.
De la neige il gardait l'éclat, la blancheur acérée.
Et dans son cœur brûlant, une larme séchée de sa mère, comme un talisman ignoré.
Elle le nomma Fenris et lui donna le sein.
Il têta la solitude et la haine. Il têta le vent et la haine. Il têta le froid et la fureur.Il têta la haine et encore la haine...
Il n'eut pas d'enfance : la haine fait grandir très vite.
Tous les soirs, la reine appliquait ses paumes glacées sur son front brûlant et lui répétait "  Prends garde, fils, ils te tueront. Personne ne t'aime si je ne t'aime. "
Et plus Fenris grandissait plus l'espoir d'être aimé s'amenuisait dans son cœur, rouge petite cerise...
Un matin il s'éveilla et écouta le silence.
Le silence coupait comme du verre.
Il écouta le vent et le vent transperçait comme l'acier.
Tout le jour il écouta, écouta, à en enflammer ses oreilles et il entendit.
"Tu n'as que moi, tu ne procèdes que de moi, tu es ma chose, mon amour. Tu n'es rien mon amour, que ma vengeance sans fin..."
Il entra.
Il avait soif.
Il avait faim.
Il avait froid.
Il mangea et but, déchira, et saccagea. Il s'enroula dans les linges, griffa les oreillers, il chevaucha des masses écroulées, déchiqueta, hurla, désespéra.
Enfin, s'enfuit.
Le château du silence s'estompa au loin.
Sur la neige, une cerise solitaire brillait

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commentaires

G
Alors ça y est, les feuilles commencent à tomber de la pile ?<br /> L'automne qui annonce le printemps au coeur de l'hiver, un bijou, Colinette.<br /> Je te bise.
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C
<br /> <br /> Coucou, Géhèm ! Oui, ça recommence à tomber. Pas de pile malheureusement, mais on dirait bien que la période " confitures et patchwork" est finie, on repasse au régime papivore !<br /> <br /> <br /> Bizossi<br /> <br /> <br /> <br />
F
bon ben moije vais encore être victime d'une rumeuralors !!!<br /> <br /> Meilleurs voeux colinette<br /> et j'aime bien quand tu dors avec tes chaussettes, tu sais, les grandes qui montent à mi-cuisses !!!<br /> <br /> bonnez'année à bientôt peut-être !!!
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C
<br /> <br /> Merci Fred ! Tu vas bien ? Les chaussettes violettes ?  J'en ai même qui montent plus haut !<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br /> <br />
A
J'adore cette réécriture glaçante du conte. Une poésie sauvage et couillue comme je ne sais pas faire et dans les silences coupants comme du verre des vérités hurlantes qu'on veut souvent ne pas<br /> entendre ! Subjuguée je suis ... merci de t'y remettre de cette façon !
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  • : Le blog de Coline Dé
  • : J'écris pour regagner en largeur ce que ma vie perd en longueur...
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 Bricoleuse de mots, déboulonneuse de socles, dévisseuse de certitudes, j'ai envie d'un monde  où le rire libre lézarderait les murs. Juste pour la beauté des lézardes.
  • J'écris pour regagner en largeur ce que ma vie perd en longueur... Bricoleuse de mots, déboulonneuse de socles, dévisseuse de certitudes, j'ai envie d'un monde où le rire libre lézarderait les murs. Juste pour la beauté des lézardes.

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